La coïncidenceRoland Barthes par Roland Barthes. Éditions du Seuil. Paris, 1975.
Je m'enregistre jouant au piano; au départ, c'est par curiosité de m'entendre; mais très vite je ne m'entends plus; ce que j'entends, c'est, quelque apparence de prétention qu'il y ait à le dire, l'être-là de Bach et de Schumann, la matérialité pure de leur musique; parce qu'il s'agit de mon énonciation, le prédicat perd toute pertinence; en revanche, fait paradoxal, si j'écoute Richter ou Horowitz, mille adjetifs me viennent: je les entend, eux, et non pas Bach ou Schumann. - Que se passe-t-il donc? Lorsque je m'écoute ayant joué - passé un premier moment de lucidité oú je perçois une à une les fautes que j'ai faites -, il se produit une sorte de coïncidence rare: le passé de mon jeu coïncide avec le présent de mon écoute, et dans cette coïncidence s'abolit le commentaire: il ne reste plus que la musique (il va de soi que ce qui reste, ce n'est nullement la "vérité" du texte, comme si j'avais retrouvé le "vrai" Schumann ou le "vrai" Bach).
Impacta al mesclador: el passat del meu tocar coincideix amb el present del meu escoltar i en aquesta coincidència s'aboleix el comentari: només resta la música.
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